Elon Musk accusé de brider des sites sur X

Soupçonné de censure déguisée, Elon Musk se sert de X pour nuire aux médias et aux réseaux rivaux, au mépris du pluralisme de l’information.
Elon Musk accusé de brider des sites sur X
Depuis son rachat de Twitter, Elon Musk est accusé de brider délibérément l'accès des utilisateurs de X à des sites d'information critiques et à des réseaux sociaux concurrents, via des ralentissements ciblés - © Unsplash.com

La libre expression et la diversité de l’information sont essentielles à la démocratie. Cependant, depuis l’acquisition de Twitter par Elon Musk pour 44 milliards de dollars et sa récente requalification en X, il semble négliger ces valeurs fondamentales. Alors que X dévoile une gamme de nouvelles fonctionnalités innovantes, des controverses entourent également la plateforme depuis son acquisition par Elon Musk. Le multimilliardaire fantasque, connu pour ses coups d’éclat sur les réseaux sociaux et ses différends publics avec certains médias, est accusé d’avoir délibérément ralenti l’accès des utilisateurs de X à des sites d’information et réseaux concurrents qui ont critiqué.

Cette mesure technique discriminatoire, mise en place sournoisement au moyen des outils de modération du réseau social, pose de sérieuses questions sur les réelles intentions de Musk en matière de liberté d’expression. Alors qu’il se présente en chantre absolu de la liberté sur internet, le patron de Tesla semble prêt à utiliser sa nouvelle acquisition pour régler ses comptes personnels et brider l’accès à des voix critiques.

Des ralentissements ciblés pour punir les détracteurs d’Elon Musk

Tout commence la semaine dernière, lorsque des utilisateurs avertis du forum Hacker News remarquent d’importants ralentissements en cliquant sur des liens provenant de X. Le temps de chargement pour accéder à certains sites spécifiques comme Le New York Times, Mastodon ou Threads passe de 2-3 secondes à 5-10 secondes.

Rapidement, il apparaît que ces sites web visés ne sont pas choisis au hasard : il s’agit soit de médias comme le New York Times ou Reuters ayant publié des articles critiques sur les déboires financiers de Tesla ou le style de management brutal d’Elon Musk, soit de réseaux sociaux concurrents comme Mastodon ou Bluesky cherchant à offrir une alternative à X en misant sur la modération des contenus.

Elon Musk accusé de brider des sites sur X
Les sites concernés risquent une répercussion sur leur SEO – © Unsplash.com

Interrogés par le Washington Post, les dirigeants du New York Times et de Substack confirment avoir constaté ces ralentissements inexpliqués et dénoncent une pratique délibérée de la part de X. Selon eux, ce bridage du trafic affecte directement leurs audiences, leurs revenus publicitaires et leur référencement sur les moteurs de recherche.

Pour l’instant, X reste silencieux et n’a fourni aucune explication sur la mise en place de ces mesures de rétorsion ciblées. Mais difficile de nier que seuls les sites dérangeant Musk sont affectés par ce soudain problème technique, tandis que Fox News, YouTube ou le Washington Post restent pleinement accessibles aux utilisateurs de X.

Musk a une histoire de représailles contre ses critiques

Ce n’est pas la première fois que le patron de Tesla et SpaceX utilise les plateformes numériques qu’il contrôle pour régler ses comptes avec ses détracteurs.

Début décembre 2022, X a par exemple banni un compte parodique, @ElonJet, qui traquait en temps réel les déplacements du jet privé du milliardaire à l’aide de données publiques. La suspension est intervenue juste après la publication d’un tweet moqueur du compte à l’encontre de Musk.

Quelques semaines plus tôt, plusieurs journalistes couvrant de façon critique le rachat mouvementé de Twitter par Musk avaient également été suspendus temporairement de la plateforme. Une décision perçue comme de la censure contre des reporters gênants.

Elon Musk accusé de brider des sites sur X
Le nouveau compte parodique a repris depuis son ban – © Twitter.com

Pourtant, Musk aime à se présenter comme un absolutiste de la liberté d’expression, rejetant toute forme de modération des contenus en ligne. Mais visiblement, cette liberté a ses limites dès qu’il s’agit de médias ou d’entreprises l’ayant égratigné publiquement.

Sous couvert de lutte contre la désinformation, le patron de X érige en réalité des barrières sournoises à l’accès à l’information pour punir ses opposants. Une démarche aux antipodes de ses grands discours sur la démocratisation des débats publics.

Une menace pour le pluralisme et la réputation de X

Les agissements d’Elon Musk posent de sérieuses questions sur l’avenir de X et ses dérives possibles vers un réseau social au service des intérêts personnels de son propriétaire.

D’un point de vue éthique, brider délibérément l’accès des utilisateurs à certains sites web va à l’encontre du pluralisme de l’information et de la liberté d’expression. C’est une forme de censure qui bafoue les valeurs démocratiques.

Elon Musk accusé de brider des sites sur X
Les désaccords entre Elon Musl et le New York Times – © nypost

Mais cela s’apparente également à une pratique anticoncurrentielle visant à nuire à des entreprises rivales en les privant de trafic et de revenus publicitaires. Une attitude qui pourrait valoir à X des ennuis juridiques avec les régulateurs.

L’inquiétude grandit parmi les utilisateurs et les annonceurs concernant la fiabilité et l’impartialité de X. En effet, en filtrant certains contenus, Musk détermine ce que les membres du réseau social X peuvent consulter, compromettant ainsi la promesse d’une libre expression.

La crédibilité du réseau social est désormais mise à mal, tout comme la perception publique d’Elon Musk. Il est de plus en plus vu comme un milliardaire dominateur, prêt à tout pour satisfaire son ego et neutraliser ses détracteurs.

L’affaire des ralentissements ciblés sur X est symptomatique de la dérive autocratique d’Elon Musk depuis qu’il a racheté Twitter. Toutefois, il ne devrait appartenir à aucune organisation ou individu de limiter de façon injustifiée l’accès à l’information pour le grand public.

C’est pourquoi il est urgent que le patron de X mette fin à ces pratiques discriminatoires et anticoncurrentielles qui représentent une menace pour le débat démocratique. Les régulateurs et les utilisateurs doivent exiger le respect du pluralisme de l’information sur cette plateforme influente, et ne pas laisser les caprices d’un milliardaire mettre en péril la liberté d’expression.

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